En lisant un rapport récent de Startup Genome, j’ai vu que la Silicon Valley était de nouveau le meilleur écosystème au monde pour démarrer une entreprise. Si vous créez ou gérez une entreprise à la Silicon Valley, à Paris, Barcelone, Dublin, ou à … Casablanca, l’écosystème dans lequel vous évoluez impactera votre croissance. C’est ainsi qu’une startup à la Silicon Valley a 90% plus de chances de réussir et de se développer qu’à Casablanca.
En se penchant sur les paramètres qui font le succès des entreprises de la Silicon Valley, j’ai remarqué un fait important. La Silicon Valley compte le plus grand nombre de mentors et d’entrepreneurs en série, contrairement à d’autres écosystèmes dans le monde.
Qu’est ce qu’un mentor ?
Un mentor est « un conseiller expérimenté et de confiance » .
Depuis toujours, tous les dirigeants qui ont réussi avaient un mentor. Dans les entreprises familiales, les mentors étaient généralement le père ou l’oncle ou une personne de confiance associée au bien-être de la famille. Les politiciens célèbres avaient des mentors. Les empereurs avaient des mentors. Les artisans avaient (et ont toujours un mentor) le M3elem. L’apprenti pâtissier apprend d’un chef pâtissier …
Aucun apprenti n’aurait l’idée d’inventer la recette du gâteau au chocolat. Il ne dirait jamais « Je vais faire un gâteau au chocolat à partir de mes propres ingrédients. Je vais faire des tests avec tous les ingrédients que j’ai en cuisine jusqu’à tomber sur le gâteau parfait« . S’il disait ça, on le prendrait pour un fou et pourtant c’est ce que de nombreux entrepreneurs font. Ils ont une idée, ils créent une entreprise et cherchent leur propre façon de gérer en espérant la trouver avant de faire faillite.
Un bon apprenti pâtissier dirait plutôt « Je vais apprendre la recette du chef et une fois que je l’aurai maitrisée, je vais y ajouter ma touche personnelle, je vais innover en rajoutant quelque chose qui va plaire« .
Si vous n’avez pas un mentor qui peut vous ouvrir les yeux pour voir votre entreprise d’un point de vue externe, allez en trouver un tout de suite. Il n’y a pas d’école qui forme à devenir des entrepreneurs, on y apprend à devenir des techniciens, des managers mais pas des entrepreneurs.
J’ai rencontré deux mentors américains et je peux vous dire que j’ai compris pourquoi une startup comme AirBnB ou Facebook va de 1 à un milliard d’utilisateurs et que cela n’arrive pas chez nous.
Qui sont ils ?
JOHN H. DORLAND est président et directeur général depuis 1995 de Dorland & Associates, Inc., un cabinet de
conseil financier international en investissement, restructuration, renforcement des capacités et de mise en
oeuvre du développement du leadership. Durant son mandant, il a eu cinq affectations précédentes en
Azerbaïdjan au Centre de formation de la Banque d’Azerbaïdjan, il a conseillé les institutions financières,
les ONG, les PME, les services aux membres et les organisations commerciales dans les domaines
suivants: planification stratégique, développement organisationnel et en leadership, renforcement des
capacités, gouvernance d’entreprise et l’efficacité opérationnelle. Ses nombreuses activités de bénévolat
lui ont valu le Prix du Président Américain pour le Bénévolat (U.S. President’s Volunteer Service Award). Il est le co-auteur du libre « Duty, Honour, Company ».
JOHN GLAZER est expert en développement économique axé sur la technologie: investissement de fonds, structures opérationnelles, diligence, commercialisation de la technologie, développement et soutien entrepreneurial. Entrepreneur en série avec expérience en franchises, technologie d’entreprises, les services aux entreprises, la vente au détail, l’éducation et les initiatives de développement économique. Professionnel reconnu avec une carrière dédié au développement économique dans les régions mal desservies des États-Unis et à l’étranger. Depuis 2008, il est fondateur de Praxis Community Enterprises, LLC qui aide les startups, les entrepreneurs, les entreprises, investisseurs privés pour commercialiser des innovations: évaluations d’opportunités, études de faisabilité de marché, validation de technologie, coaching d’entrepreneur, développement de modèle d’affaires, produits minimals viables, la découverte des clients, la planification de l’accès aux entreprises et aux capitaux, la stratégie de mise sur le marché, diligence, investissement, structure des transactions, services de gestion améliorés, gouvernance, organisation des opérations et développement des capacités de leadership.
A votre avis, quelle est la probabilité pour qu’une startup américaine qui a accès à des profils comme ceux là puisse échouer ?
Que font ils au Maroc ?
John & John sont venus au Maroc autant que bénévoles dans le cadre du programme « Gazelles Al Maghrib », un programme conjointement mis en oeuvre par Financial Services Volunteer Corps (FSVC) et Lixia Capsia Gestionis SARL (LixCap), avec le soutien du U.S. Middle-East Partnership Initiative (MEPI). Ce programme a pour objectif de promouvoir la transformation d’entreprises marocaines sélectionnées pour le programme en « Gazelles », c’est-à-dire en entreprises performantes qui génèrent un chiffre d’affaires de plusieurs millions de dirhams, et qui réalisent une croissance à deux chiffres sur le moyen terme.
Ce qu’ils m’ont appris ?
Avant notre rencontre, ils avaient eu un brief sur moi et sur Manageo.ma. Dès le début de notre entretien, la première question qu’ils m’ont posé c’était « Que représente Manageo pour moi ? »
On s’attend à ce qu’un mentor essaie de nous connaitre plus, ou qu’il pose des questions sur notre entreprise, la stratégie ? le chiffre d’affaire ? Toutes ces questions ont été posées plus tard.
J’ai compris que cette question là « Que représente Manageo pour moi ? » était importante pour eux pour savoir comment me parler, comment aller se dérouler notre entretien et à quel point j’allais prendre en considération (ou pas) ce qu’ils allaient me dire.
« Que représente Manageo pour moi ? » c’est mon bébé ? mon entreprise ? un moyen de réaliser un rêve ? est ce que je veux vendre mon entreprise plus tard ? la développer ailleurs ? …
C’est comme aller faire une thérapie de couple et que le psychiatre vous demande en premier « Que représente votre femme (ou votre homme) pour vous ? »
Si vous répondez « Il / elle est tout pour moi ». Il va vous dire, « Je n’ai donc rien à vous dire, allez lui offrir du chocolat et soyez heureux ». Si vous dites, « C’est la mère de mes enfants, je l’ai aimé et là si je divorce je perd tout », il vous parlera différemment.
Une fois que j’ai répondu à leur question, ils ont su si l’entretien, l’objectif de l’entreprise, notre stratégie étaient plutôt sentimentales ou rationnels ? Sur quoi basons nous nos décisions et comment on prend des décisions dans l’entreprise ? Cherches ton la fortune ou la gloire ?
John & John ont dirigé beaucoup d’entreprises et pour eux, il n y a pas de doute, c’est une science. On ne nait pas « super entrepreneur », on apprend à le devenir. Comme on apprend à devenir un artisan en ayant un maître, un M3ellem.
John DORLAND est vétéran du Vietnam très décoré, avec deux ans de commandement d’infanterie de combat. Quand il parle, on entend beaucoup dans ses mots « positionnement », « stratégie ». Rien n’est laissé au hasard, il y a un objectif à atteindre, un à la fois, chaque pas est important, il faut minimiser les risques pendant qu’on avance et il faut mettre en place les ressources pour remporter chaque victoire.
Vu de cette façon (très très rationnelle, avec beaucoup beaucoup de rigueur et de discipline), gérer une entreprise est à la portée de chacun (qui a envie de devenir entrepreneur et de faire les sacrifices nécessaires pour devenir un entrepreneur prospère).
C’est comme vouloir devenir médecin. Ça s’apprend, ce n’est pas facile. Mais ceux qui veulent, et qui sont prêts à faire beaucoup d’études, apprendre de leurs professeurs y arrivent et transmettront cela à leur tour.
Messieurs, merci pour votre temps et pour le partage de connaissance.